Prévoyance professionnelle: faible niveau des intérêts, longévité et démographie représentent les principaux défis pour les caisses de pensions

La plupart des institutions suisses de prévoyance sont conscientes de leurs risques, tels que l’accroissement de la longévité et la baisse du rendement des placements, et engagent les mesures appropriées. La gestion et la couverture de risques pourraient toutefois être améliorées. En particulier, les risques de découvert sont sous-estimés.

Les caisses de pensions suisses affichent un potentiel d’amélioration en matière de gestion des risques. C’est ce qui ressort de l’édition 2015 de l’étude «Global Pension Risk Survey» d’Aon Hewitt, société de conseil en prévoyance professionnelle. En Suisse, plus de 70 institutions de prévoyance, qui gèrent 460'000 assurés et des actifs à hauteur de 140 milliards de francs, y ont participé. L’enquête s’adressait aux gérants et représentants des caisses de pensions et portait sur l’identification, la surveillance et la réduction des risques.

En Suisse, la gestion des risques dans le domaine de la prévoyance professionnelle est en pleine mutation. L’amélioration des outils et des informations de conduite, ainsi que le durcissement des exigences de la Commission de haute surveillance de la prévoyance professionnelle (CHS PP) poussent les caisses de pensions à surveiller leurs risques plus activement et systématiquement. Les petites et moyennes institutions de prévoyance sont particulièrement sous pression du fait de leurs ressources limitées. Les grandes caisses, pour leur part, disposent déjà de systèmes individuels de gestion des risques.

Les risques qui préoccupent le plus les responsables interrogés sont l’environnement de taux bas (75% des réponses), la longévité et les taux de conversion trop élevés (67%), la démographie (60%) et l’incapacité d’atteindre les rendements nécessaires (56%). Selon les sondés, la charge de travail élevée (62%), le manque de temps (60%), le manque de connaissances (45%) et de ressources (38%) représentent les principaux obstacles à l’introduction d’un meilleur pilotage des risques. Pour Beat Zaugg, responsable Investment Consulting pour la Suisse alémanique chez Aon Hewitt, ces résultats indiquent que l’externalisation de certaines tâches des caisses de pensions peut être avantageuse. La gestion des placements déléguée à des conseillers, le delegated consulting ainsi qu’à des fondations collectives en seront les grands bénéficiaires.  

En ce qui concerne la surveillance des risques, la plupart des caisses interrogées mesurent certes la volatilité des rendements de leurs placements (85%) et de leur taux de couverture (79%). Mais seuls 46% d’entre elles recourent à des calculs de la «Value at risk» pour évaluer leur couverture. «La moitié des caisses ne fait pas recours à un outil important pour déterminer la probabilité de se retrouver en situation de sous-couverture et devoir adopter des mesures d’assainissement», s’inquiète Beat Zaugg.
Quant aux mesures de réduction des risques côté engagements, le bilan est positif: 80% des caisses sont déjà passées de la primauté des prestations à celle des cotisations. Quelque 70% voient en la longévité un risque considérable. 72% avouent anticiper ce problème en modifiant leur plan de prévoyance. Seuls 12% des sondés entendent utiliser des produits bancaires ou assurantiels pour se prémunir contre le risque de longévité.

Les caisses de pensions suisses affichent en revanche un potentiel d’amélioration dans le domaine de la réduction des risques de placement: «Nous sommes d’avis qu’une caisse de pension suisse moyenne peut, sans accroître son risque, améliorer sa performance de 0,5% par année en diversifiant mieux ses placements», affirme Beat Zaugg. Si les institutions de prévoyance suisses ont diversifié leurs portefeuilles ces dernières années – elles ont élargi la palette des types d’emprunts et des catégories d’investissement dans leur portefeuille – les placements alternatifs, dont les matières premières, le private equity ou les placements immobiliers mondiaux, restent encore insuffisamment représentés en comparaison internationale.

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